Avec des taux moyens qui restent proches de leurs planchers historiques (1,3% en moyenne), emprunter pour acheter un bien immobilier reste un pari gagnant. La situation géopolitique internationale et le contexte économique amènent cependant de nouvelles incertitudes et la remontée des barèmes s'est légèrement accélérée au mois de mars. Quelle est la situation du crédit immobilier en ce printemps 2022 ? Quelles sont les prévisions quant à l'évolution des taux d'emprunt dans les prochains mois ? La Résidence fait le point.
Des taux en légère croissance mais une hausse limitée.
Poursuivant le mouvement d’accélération de ce début d'année, les banques ont réajusté leur taux de crédit au mois de mars. Ainsi, d'après les chiffres du courtier Artemis Courtage, les barèmes moyens proposés s'établissent à 1,2% sur 15 ans, 1,35% sur 20 ans et 1,55% sur 25 ans.
Les conditions réservées aux meilleurs profils sont également majorées tout en se maintenant à des niveaux particulièrement avantageux, soient 0,80% sur 15 ans, 0,9% sur 20 ans et 1,15% pour les durées de 25 ans.
Dans le courant du mois de mars, la crise en Ukraine a entraîné une hausse plus prononcée, certaines banques allant même jusqu'à relever de 0,5 points leur taux d'emprunt.
Cependant cette croissance s'applique toujours sur des niveaux historiquement bas. De plus, l’augmentation de ce début d’année a été plutôt légère. Entre janvier et février, l'Observatoire du Crédit Immobilier, relevait une progression moyenne de 0,10 à 0,30 points sur l'ensemble des crédits.
Quelles sont les causes de cette majoration des taux ?
En premier lieu, les banques font face à l’élévation de leurs taux de refinancement. Pour faire simple, elles achètent plus cher l'argent qu'elles prêtent aux particuliers. Elles sont donc dans l'obligation de répercuter cette progression pour ne pas réduire leur marge de profit.
Par ailleurs, les établissements préteurs anticipent d'éventuels défauts de paiement consécutifs à une situation économique qui se durcit. La baisse du pouvoir d'achat, la flambée des prix de certaines denrées et des tarifs de l'énergie, pourrait accroître les difficultés financières des emprunteurs.
De plus, selon les chiffres de l’Insee, les prix à la consommation ont progressé de près 2,8% sur 1 an en 2021. Pour limiter l'inflation, la Banque Centrale Européenne (BCE) a fait remonter ses taux directeurs (+0,7 points en moins de trois mois). Cela entraîne une hausse des Obligations Assimilables du Trésor à dix ans, les fameuses OAT qui servent traditionnellement d'étalon pour l'établissement des grilles tarifaires du prêt immobilier.
Enfin, bien que le crédit soit toujours un produit d'appel et de fidélisation pour les banques, le niveau de l'inflation actuel les contraint à relever leurs taux si elles veulent rester rentables.
Quelle évolution pour les mois à venir ?
Il est toujours compliqué d'anticiper ce que feront les banques dans les prochains mois. Particulièrement quand le contexte géopolitique intensifie les incertitudes sur les marchés financiers. En toute logique, on peut s'attendre à ce que la hausse des taux se poursuive.
Certaines banques ont réajusté deux fois leurs tarifs au mois de mars. Elles prévoient de le faire à nouveau au mois d'avril, d'après Mr Ludovic Huzieux, co-fondateur de la société Artémis courtage.
Quelle sera la force de cette tendance haussière ? Elle pourrait être moins sévère que prévu. Paradoxalement, la situation internationale entraîne une baisse des OAT, qui est la variable d'ajustement des banques pour leurs crédits immobiliers. Cet indice qui ne cessait de grimper depuis la fin 2021, a reculé avec la crise en Ukraine. Une situation qui pourrait s’accompagner d’un ralentissement de la montée des taux d'emprunt immobilier.
En outre, les établissements bancaires ont toujours des objectifs de production élevés et elles souhaitent continuer à favoriser l'emprunt. Les acquéreurs au meilleur profil ont toutes les chances d'obtenir encore d'excellentes conditions de financement dans les prochaines semaines.
Rappelons aussi que les taux se maintiennent très en dessous de l'inflation. Emprunter pour acquérir un bien reste donc une opération largement gagnante. Avec une inflation à 3% et un crédit à 1,3% (mars 2022), les souscripteurs continuent de s'enrichir en s'endettant. La production de prêt immobilier du début d'année traduit d'ailleurs ce dynamisme : +6,4% en janvier, sur un an et +6,6% en février, d'après la Banque de France.
Sources chiffres :
Observatoire du Crédit Immobilier.